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Des holothuries calédoniennes

Produire localement des holothuries, tel est le projet actuellement porté par la SAEM PromoSud et les différentes fermes aquacoles de la province. Explications avec Thomas Requillart chargé de mission chez PromoSud.

La filière crevettes connait des difficultés depuis quelques années tandis que la demande d’holothuries, ou bêches de mer, est en pleine expansion. Pourquoi ne pas combiner les deux ?

« Ce projet de production d’holothuries a principalement deux objectifs, explique Thomas Requillart. Tout d’abord opérer une bio remédiation dans les bassins aquacoles afin de booster la production de crevettes des années à venir, et gagner de l’argent par la vente de bèches de mer. »

Une écloserie à la Ouenghi

Même si la pêche à l’holothuries se pratique depuis plus de 150 ans en Nouvelle-Calédonie, l’ensemencement en écloserie et l’élevage en bassin sont plutôt récents.

« Nous avons investi, en 2015, dans une écloserie existante aux résultats mitigés mais qui donnait envie de poursuivre les efforts déjà amorcés et de persévérer. »

Pourquoi ?

« Parce que nous avons depuis quelques années des grandes difficultés sur la filière crevette, que ce soit en écloserie ou en bassins. Les fermes n’étaient pas suffisamment approvisionnées en bébés crevettes et nous trouvions dommage de laisser ces bassins vides. Nous avons recherché une espèce qui non seulement pouvait être élevée dans les bassins des fermes de crevettes tels qu’ils existaient déjà, mais qui pouvait également apporter une amélioration à ces bassins. Le grand intérêt était également de trouver une espèce qui pouvait être commercialisée »

D’où le choix de l’holothurie qui combine tous ces avantages.

Crevettes et holothuries en alternance

« Le principal bénéfice de cette opération réside dans ce qu’on peut appeler une jachère intelligente, précise Thomas Requillart. Au vu des problèmes technico-économiques que connait la filière crevettes depuis quelques années, la production d’holothurie représente une véritable alternative. Il s’agit pour les fermes aquacoles de produire, en alternance, crevettes et bêches de mer. L’avantage des holothuries est que leur élevage est parfaitement écologique. Ces animaux se nourrissent eux-mêmes sur le fond du bassin. Et en se nourrissant, ils améliorent le sédiment, ils « labourent » les fonds des bassins et cassent le cycle bactériologique de la crevette ; c’est ce que l’on appelle la bio remédiation. Cet élevage devrait permettre de remédier à une partie des problèmes techniques de l’élevage de crevettes, d’où l’alternance. »

Les résultats ne se sont pas fait attendre :

« dès la première année, suite aux investissements de remise en état de l’écloserie, nous avons produit 750 000 petits bébés par an, contre 100 000 auparavant, dont 550 000 qui ont terminé leur grossissement en bassins de crevettes. Cette année-là, la pénurie de post-larves (bébés crevettes) était telle que de nombreux bassins seraient restés vides sans cette production de bébé holothuries. »

En cours de perfectionnement

« Nous avons eu un taux de survie très supérieur à ce qu’indique le Word Fish Center, puisque nous avons obtenu un taux proche de l’ordre de 80% contre une moyenne de 40% en écloserie lambda. Cependant l’holothurie a besoin d’espace pour grossir normalement, et le fait d’avoir trop de spécimens dans un même bassin ralenti le processus de grossissement jusqu’à voire même  le stopper. C’est donc tout cet ensemble de problématiques lié non seulement à l’ensemencement, au grossissement en bassin, mais aussi à la recherche d’une taille optimale pour une meilleure commercialisation, à la transformation du produit frais en produit sec, à comment mieux commercialiser cette production, sur quels marchés et avec quels partenaires… que nous sommes en train d’étudier ».

Avec une première récolte de l’ordre de 150 à 300 tonnes, un volume équivalent à ce qui est péché en une année en Nouvelle-Calédonie, PromoSud a dû créer un atelier de conditionnement pour transformer les holothuries.

« Cet atelier a vocation, tout comme l’écloserie, à retourner dans le secteur privé. Mais dans un premier temps, il est nécessaire de sécuriser l’ensemble du procédé et de faire la démonstration de sa réussite. Si la production d’holothuries n’est pas encore rentable, elle a déjà permis de ne pas laisser les bassins de crevettes vides, de procéder à leur amélioration, et les résultats actuels laissent penser que nous pourrions au moins équilibrer les comptes. Ces résultats sont déjà très intéressants pour une filière naissante. »

Une affaire à suivre donc…

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