Au-delà du véritable défi relevé par la société Sud Forêt, planter 350 hectares de forets productives (KAoris, Araucarias, FAux TAmanous, Pinus). En 2016, c’est la volonté de créer une véritable culture sylvicole qui anime son directeur, Ricardo Pinilla – Rodriguez.
Les plantations de pinus on débuté dans l’année 70, avec l’objectif de développer une activité génératrice d’emploi et une ressource forestière artificielle, à ce jour inexistante sur le territoire.
SudForêt a été créé afin non seulement de reprendre et valoriser ces plantations, mais également de planter 1500 hectares d’espèces locales et exotiques pendant une phase pilote de 5 ans, laquelle a été prolongée depuis fin 2016 jusqu’en 2019.
« Sud Forêt a repris les plantations existantes et s’est vu confier la mission de planter 1 500 hectares pendant une phase pilote de cinq ans »
, explique son directeur, Ricardo Pinilla-Rodriguez. Bilan fin 2016 : 915 hectares plantés.
« Même si nous avons vraiment progressé, 49 hectares plantés en 2012, 76 en 2013, 150 en 2014 et 288 en 2015, puis enfin 350 l’année dernière, force est de constater que l’objectif n’a pas été atteint.»
Objectif 1 500 hectares de Pinus en 2019
« Nous sommes donc arrivés à la vitesse de croisière seulement en 2015, avec 280 hectares, précise Ricardo. Il a donc été décidé de prolonger la phase pilote jusqu’en 2019 ». L’objectif est d’arriver aux 1 500 hectares plantés en 2019, plus un patrimoine de 1 060 hectares apporté par la province Sud. 1 500 hectares plantés (toutes espèces confondues, donc une moyenne de 55 ha/an de pinus).
« Pour démontrer notre capacité à structurer une filière sylvicole avec des acteurs locaux, pépiniéristes et prestataires de travaux sylvicoles compétents et involucrés. Cette nouvelle filière sera une source d’emplois et d’une ressource renouvelable qui permettra de garder la valeur ajoutée sur le territoire. »
Pourquoi le pinus ?
« Le pinus est notre alternative locale pour produire du bois de charpente. Il a une croissance rapide, des propriétés mécaniques aptes à la construction, et une impregnabilité très bonne pour assimiler les produits anti- thermites et champignons, qui assurèrent sa durabilité dans le temps. Le pinus, grâce à sa croissance rapide, doit permettre d’amorcer une filière sylvicole qui, une fois bien développée, pourra produire également des essences locales à croissance lente, comme les kaoris ou araucarias »
Il faut savoir, qu’aujourd’hui, plus de 95 % du bois de charpente est importé. L’idée est donc de produire du bois local et de créer de la valeur ajoutée localement, en couvrant, à terme, 25 à 30% des besoins locaux.
« Pour démontrer notre capacité à structurer une filière sylvicole avec des acteurs locaux, pépiniéristes et prestataires de travaux sylvicoles compétents et involucrés. Cette nouvelle filière sera une source d’emplois et d’une ressource renouvelable qui permettra de garder la valeur ajoutée sur le territoire. »
Créer un véritable patrimoine forestier
« Sud Forêt récolte les graines et assure leur préparation. Elles sont ensuite distribuées à des pépinières agréées à qui nous rachetons les plants »
explique le directeur. La principale contrainte de cette filière ? Le foncier.
« Il faut absolument travailler avec des partenaires privés qui ont des terres et qui ne les exploitent pas. Sud Forêt est là pour amorcer la filière mais le privé doit prendre la suite. Il faut créer un patrimoine forestier, une mentalité, une culture sylvicole. C’est la condition sine qua non à la pérennisation de cette filière. »
Un projet pays
La province Nord travaille de son côté, également à la création d’une telle filière. Le projet Bois du Nord consiste ainsi à développer une filière complète, des plantations sur le plateau de Tango à la scierie de Netchaot à Koné. Des projets complémentaires selon Ricardo qui s’exprimait dans Les Nouvelles :
« Bien sûr, on parle chacun de fournir, peut-être à terme, un quart de la consommation locale. Il y a donc largement la place. Il reste encore une moitié qui est disponible à l’importation. Notre ambition est aussi de travailler sur la consommation de bois en Nouvelle-Calédonie. Aujourd’hui, 5 % seulement des habitations sont construites en bois. Si on peut doubler déjà ce pourcentage, cette quantité de maisons, on va doubler la consommation en bois. Il y a largement la place pour les deux projets. L’idée est vraiment de laisser la valeur ajoutée ici. Aujourd’hui, on fait venir du bois de Métropole et de Nouvelle-Zélande. De Métropole, c’est un peu exagéré, le bilan carbone n’est pas terrible, beaucoup de transport… »
Repères
La Chambre de commerce et d’industrie de Nouvelle-Calédonie a publié des chiffres intéressants, dans un dossier sur la filière bois en mars 2015. D’après la CCI, « depuis 2010, le marché du bois, notamment du bois local, est en légère mais constante augmentation. Selon un rapport de l’Établissement de régulation des prix agricoles, l’ERPA, pour l’année 2013, celui-ci a atteint son niveau le plus haut depuis huit ans avec près de 25 % de fourniture du marché global. (local)
16 303 m3 de bois de sciage et 855 m3 de bois brut ont été importés en 2013, contre 2 385 m3 de bois de sciage et 3 296 m3 de bois brut produits localement. Le volume global de consommation de bois cette même année s’est élevé à 22 839 m3. Depuis dix ans, le marché local varie de 21 000 à 24 000 m3.
En fait, son évolution est liée aux variations des volumes importés ». 75 % du bois produit localement est du pin des Caraïbes, une essence à̀ la croissance rapide estimée à trente ans et destinée à̀ la construction.